Les questions du journaliste Spécial

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  • Le train est un endroit formidable – du moins quand la rumeur des voyageurs n’est pas assommante – et assez représentatif du monde dans lequel nous vivons – y compris quand la rumeur des voyageurs est assommante. «Ils sont tous sur leur téléphone», commentait l’autre jour une dame d’un certain âge occupée, elle, par le grand écran qu’est la fenêtre. Ce n’était pas tout à fait vrai: un homme lisait. Gérer son temps, était-il inscrit sur la couverture. Préoccupation on ne peut plus actuelle.

    Des livres, on en voit encore entre les mains des pendulaires qui lâchent parfois un sourire lorsque la musique diffusée dans leurs écouteurs ne les empêche pas de croiser un regard. De plus en plus, le matin, les yeux sont baissés sur un écran diffusant une série, souvent sous-titrée. Il ne se trouve en revanche plus grand monde pour faire frémir le papier d’un journal avant de le laisser sur son siège ou la tablette (pas numérique cette fois) en quittant la voiture.

    Le journaliste sait pourquoi il écrit, jamais pourquoi on ne le lit pas.

    Cet abandon – ou ce partage – ne fera bientôt plus le bonheur d’un autre voyageur. Parce que plus personne ne lira les journaux, peut-être. Mais peut-être n’y aura-t-il plus personne pour les écrire avant qu’il n’y ait plus personne pour les lire, au vu du rythme auquel certains groupes de presse suppriment des postes. Faire mieux avec moins: vieux rêve, douce illusion. Qui peut sérieusement espérer relancer ses affaires en se privant peu à peu des moyens (humains) de proposer un produit de qualité?

    Drôle de monde que celui de la presse. On voudrait être bon libéral et se dire que, si un journal ne rencontre plus son public, adieu Volodia! Mais ça ne marche pas tout à fait ainsi. Pour preuve: il se trouvera toujours des gens pour défendre un journal, même parmi ceux qui ne le lisent pas, même parmi ceux qui le lisent sans y être abonnés (le lecteur fait vivre les journalistes, l’abonné les fait manger, merci à tous les deux!). Il y a de quoi être déboussolé: que proposer, à qui, quand et comment? Le journaliste sait pourquoi il écrit, pas toujours pour qui, croit savoir pourquoi on le lit, mais ne sait jamais pourquoi on ne le lit pas. Et vous, le savez-vous?

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