Où sont les phares? Spécial
Un inquiétant silence domine le monde finissant qui est le nôtre (cela écrit sans catastrophisme, force est de constater que nous vivons un changement d’époque). Un silence qui n’est pas l’absence de bruit, dont nous ne manquons hélas pas, vivant dans un brouhaha permanent fait de récriminations, d’invectives et de jugements à l’emporte-pièce. Un silence qui est terrible au milieu de tous ces hurlements: aucune voix ne crie plus dans le désert.
Notre temps manque assurément de voix fortes qui s’indignent pour que nous nous réveillions ou qui nous réveillent pour que nous nous indignions. De voix qui suscitent le silence, non parce qu’elles cherchent à l’imposer mais parce qu’il s’impose à leur écoute; un silence qui est alors celui de la réflexion, de l’introspection et susceptible de porter du fruit. Où sont passés les abbés Pierre et les mères Teresa? Les Stéphane Hessel, les Malraux, les Luther King? Les Gandhi et les Mandela? Leur parole était forte, leurs paroles lourdes de sens.
Aucune voix ne crie plus dans le désert.
A leurs alarmes ont succédé des coups de klaxon: des slogans, des éléments de langage et des avis assénés dans des mégaphones, des micros ou des vidéos de trente secondes qui saturent l’espace sonore. Aux phares susceptibles de guider les navires à travers les tempêtes en leur signalant les écueils ont succédé des loupiotes qui aveuglent les hommes comme une voiture hypnotise un faon la nuit. Dans le crépuscule que nous traversons collectivement, nous devons nous contenter de quelques éclairs – rarement de génie – qui éblouissent et qu’on oublie, faute de consistance.
Etourdis par les flashs d’un divertissement sans entracte et abasourdis par des revendications incessantes, nous aurions besoin de voix qui tonnent, et qui détonnent. De voix qui bousculent parce qu’elles dévoilent nos médiocrités tout en nous rappelant que nous sommes capables de mieux. Nous avons besoin de voix prophétiques comme celle de François; on ne peut rester indiérent à ses appels à plus d’humanité: ils dérangent même ceux qui ne veulent pas écouter.
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